Les Orteils de la Chèvre
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Le divertissement de Xehlrox

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Message  Urswyck Lun 19 Nov - 7:50

Ressortant d'ici...

Ils ressurgissent à la lumière, qui a un peu baissé depuis les dernières minutes. Le soleil est bas, voilé. Dans la cour, ça s'agite et ça se bouscule, ça s'interpelle et ça gueule dans quatre ou cinq idiomes différents. Les regards se tournent vers le groupe, de grands sourires voraces fendent les gueules des Pitres qui se hâtent tous vers un point bien précis.

Au passage, Urswyck arrête un archer, et lui glisse rapidement quelques instructions. L'homme se renfrogne mais semble s'exécuter. Puis Xehlrox et son escorte parviennent dans une partie de la cour qu'ils n'avaient pas encore traversée. Une dépression se dessine, un grand carré de quinze ou vingt pas de côté, cerné par un muret de pierre noire. Tout autour, des niveaux étagés, entre l'escalier et le gradin. Au milieu, solitaire et sinistre, un gros billot de bois. Les taches noires qui s'étalent sur le bloc à peine équarri, ainsi que sur les dalles alentour, ne laissent pas planer l'ombre d'une équivoque.

Ils fendent la petite troupe qui se presse en rigolant et en parlant fort vers les gradins, sans difficulté. Hommes, trolls, orcs, centaures, tous s'écartent et regardent passer l'hôte dont ils partageront le divertissement. Sans prêter la moindre attention aux mots qu'ils jettent sur leur chemin, le lieutenant conduit leur invité vers une sorte de plate-forme un peu en retrait, de toute évidence l'endroit où s'installent ceux qui, parmi ce ramassis d'ordures en tous genres, ont réussi à s'imposer. Un grand fauteuil de bois sculpté, avec lequel voisinent plusieurs sièges plus simples, se dresse sur la plate-forme. Gravé dans le dossier, l'emblème de la Chèvre.

- Prends donc place, mon ami, ça ne va pas tarder à commencer, il serait dommage d'en perdre une miette.

Guettant la réaction au "mon ami" qui ne devrait pas manquer de faire grimacer l'orc, Urswyck lui propose l'un des sièges voisins du fauteuil, de toute évidence réservé au Lord. Jaillit de la foule une paire de serviteurs porteurs de plateaux chargés de flacons pour l'un, de fruits et d'autres gourmandises pour l'autre, qu'ils déposent sur une table à l'arrière. Timide et nerveux, l'un des deux, un adolescent maigre à la propreté douteuse, s'approche de Xehlrox.

- Euh... m'sire, qu'ess' vous aimez à boire ? Y'a du vin et d'la bière et d'aut' choses aussi et ... euh... à manger aussi, y'a. Qu'ess' j'peux vous apporter ?

Il y a dans son regard une sorte de supplication silencieuse. Ca pourrait être "ne m'écrabouille pas", ou " ne crie pas tu me fais peur", ou encore "s'il te plaît réponds, que je justifie mon existence"... Tandis que le tumulte se poursuit dans les gradins, que le lieutenant prend place et saisit la coupe d'hypocras que lui tend l'autre serviteur, tout en suivant du coin de l'oeil ce qui se passe juste à côté, l'esclave attend.
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Message  xehlrox Sam 24 Nov - 3:41

Et la tension commençait à pointer.
Xehlrox le sentait. Urswyck avait en tête quelque chose qui ne le rassurait en rien, mais qu'il entrapercevait à peine. Mise à mort? Combat à mort? Pire, torture?
C'était comme distinguer un silhouette dans une brume épaisse. Elle est là, devant vous, indistincte, présente.

Dangereuse.

Vous le savez. Et elle approche.

...à manger aussi, y'a. Qu'ess' j'peux vous apporter ?

Xehlrox entend à peine la quémande, tant il est concentré sur ce qui l'entoure.

Des faces abimées, des sourires déchirants la foule, des cris, un tumulte de foire.
Et qui allait sortir de tout cela?
Cela le rendait nerveux, plus qu'il ne souhaitait le montrer.

Et cela le fit répondre plus sèchement qu'il ne l'aurait souhaité.

Bière, fraîche et sans mousse. Et ne reste pas à côté de moi, tu me gênes, escl..


Il s'arrêta aussitôt, jetant un rapide regard vers son compagnon de torture mentale, espérant qu"il n'avait rien noté de cette réponse trop ferme. Xehlrox avait montré trop de relâchement et de confiance pour parler ainsi, même à un esclave. Ce principe même était déjà bien loin de ses convictions.

Esclave.. il le scruta brièvement, une certaine empathie dans le regard, qu'il effaça aussitôt. L'esclave s'éloigna promptement, les mouvements désordonnés, comme si ses membres le gênaient dans sa démarche.

Il devait prendre le dessus, mais l'attente était dure à supporter. Et cette frénésie de foule amplifiait le phénomène.
Comme lors d'une mise à mort en arène. Comme lorsqu'une arène entière guidait un bras pour trancher une gorge. Comme lorsque la raison de chacun était gommée par la folie de tous.

Se tournant vers Urswyck, il lui glissa quelques mots, montrant qu'il gardait toute raison en lui, et surtout pour s'assurer qu'il était encore maître de la situation.

D'après ce que je vois, c'est coutume ici que de faire couler le sang.
Dis moi Urswyck, comment réagirait cette foule si c'était toi qui était attaché au poteau. Aurait-elle une once de pitié? Ou se délecterait-elle du moment autant qu'ils semblent pouvoir se délecter du spectacle à venir?
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Message  Urswyck Mar 27 Nov - 8:02

Avec l'habitude, on renifle les émotions comme on discerne l'origine des huiles qui composent un parfum rare. La peur est épicée, la colère est minérale. L'espoir est frais et délicat, la fragrance délicieuse d'une fleur fragile. Tandis qu'il savoure l'hypocras que lui a tendu un des deux serviteurs, l'elfe ne perd absolument rien de ce qui se passe de l'autre côté du grand fauteuil sculpté. Ni les mouvements brusques de Xehlrox, ni sa voix rude et tendue, ni la brutalité de ses mots. Ni même ceux qu'il n'arrive pas à prononcer.

Urswyck contient son sourire. Il ne faudrait pas que son voisin se mette en colère en surprenant sus ses lèvres l'expression de son ravissement. La fin viendrait trop vite, et ce merveilleux parfum de fureur rentrée, de peur diffuse, de haine mal définie, tout ça serait perdu, déjà. Il vaut mieux laisser durer. C'est meilleur quand ça dure...

Ses longs doigts blancs enroulé autour du pied de la coupe, il savoure le breuvage et l'humeur de son invité, ainsi que la tension frénétique qui monte des gradins devant eux. Et il sourit doucement, comme un grand seigneur qui apprécie la joie qu'il offre à ses sujets, alors que les rideaux se lèvent et que les comédiens entrent en scène. Quand la voix profonde de Xehlrox se fait entendre à son intention, il se tourne vers lui, affable et souriant, attentif, l'oeil habité d'un reflet de plaisir anticipé. Et son sourire s'agrandit à mesure que la question émerge. Une provocation, encore, un indice de plus du malaise de l'orc, et une raison de plus de se réjouir...

- Si j'étais là attaché à un poteau ?

Le lieutenant éclate d'un rire doux, musical.

- Assurément, ils adoreraient, tous et chacun d'entre eux ! Ils raffolent des disgraciés, bien entendu, c'est bien plus divertissant que les jeux habituels, ça. Finir de démolir une ruine, ça n'a finalement que peu d'intérêt, par contre mettre à bas un combattant solide et bien entraîné, c'est infiniment plus amusant. Et tous les Orteils sont des combattants, évidemment.

Eh oui mon cher. Même moi.

La voix d'Urswyck et son sourire radieux sont une fois de plus en parfaite discordance avec son propos. Il parle de torturer ses compagnons ou de se faire torturer par eux comme il parlerait de leurs friandises préférées, avec une désinvolture aberrante, un manque total de considération pour la vie.

- Je crois qu'ils s'amuseraient même encore plus avec moi qu'avec toi, parce que certains pourraient se vider de pas mal de frustrations et de ressentiments à mon égard. Alors que vis-à-vis de toi, par exemple, ils n'ont pas de sentiment particulier. Tu serais un Moignon comme un autre...

Et sur un clin d'oeil, l'elfe revient à se coupe d'hypocras. A ce moment la rumeur enfle jusqu'au hurlement et un certain tumulte agite l'autre extrémité de l'aire. Urswyck se redresse dans son fauteuil, son visage blême presque coloré d'excitation.

- Ah, finalement ! Ca commence ! Il était temps.

Et là-bas au loin, un petit groupe fait son entrée.
Urswyck
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Message  Mestre Qyburn Mar 27 Nov - 8:03

J'ai reçu l'ordre et je me suis empressé. Je ne cours pas très vite, malheureusement, et ces robes de mestre ne sont pas très pratiques. Je crains d'avoir du retrousser tout ça fort peu dignement, et d'avoir cavalé dans les couloirs comme le moindre des messagers en retard.
C'est que le message m'est arrivé tard, déjà. Le garçon a du me chercher, je n'étais pas à mon étude, mais dans cette pièce située plusieurs étages plus bas, cette pièce souterraine où... où je pratique. Evidemment il n'est pas entré, personne n'entre là, sauf moi et mes sujets de travaux. Ils le savent tous. Et puis le dernier imprudent qui a franchi cette porte a suffisamment terrorisé les autres pour que ceux-ci s'en abstiennent ensuite. Je crois qu'il est mort, d'ailleurs, celui-là... je ne sais plus. Peu importe, ce n'était qu'un inutile. Son foie n'était même pas vraiment sain... Bref, passons.

Donc, j'ai couru. Ca court assez mal, un saurus, même un demi-saurus. La démarche sinueuse, et cette lourde queue écailleuse qui traîne sur le sol avec un bruit sifflant... Certaines races sont de bons coureurs, et galopent allègrement, tendus à l'horizontale comme certains de ces anciens lézards disparus, mais je ne suis pas de cette sorte-là. Je suis donc arrivé au fond des geôles plusieurs minutes après l'ordre du lieutenant. Un peu hors d'haleine, j'ai fait ouvrir les cellules, et vérifié l'état des prisonniers. Comme de juste ils étaient relativement mal en point, mais ce tonique que je concocte réveillerait un mort. De fait il fabrique des morts également, mais dans ce cas précis, aucune importance, n'est-ce pas ?

Ils ont donc ouvert les yeux, j'ai vérifié leurs pansements, histoire qu'aucun ne meure bêtement d'une hémorragie au beau milieu du spectacle, jusque parce que l'un de leur moignons se serait rouvert. Mais je suis consciencieux, et je connais mon travail. Surtout celui-là, que j'ai l'occasion de pratiquer très fréquemment.

Accompagnés de deux gardes qui les poussaient devant eux, nous sommes donc remontés vers la lumière. Ils ont cligné des yeux comme des hiboux surpris par le jour, mais en général, ils se sont bien comportés. Un rien abasourdis, peut-être, mais bien, finalement, pour des garçons si jeunes, ayant perdu chacun une main, plusieurs orteils, une oreille pour l'un, le bout du nez pour l'autre, quelques lambeaux de peau... ah oui, j'oubliais une demi-livre de chair prélevée sur l'épaule de celui-ci par Mordeur, un jour où on ne le surveillait pas. Petit plaisantin.

Oui, finalement ils sont hagards, et c'est normal, ils sont là depuis près de deux mois, et c'est plus qu'il n'en faut pour avoir l'esprit détruit dans les geôles des Orteils. Ils se tiennent la main, c'est adorable ces deux garçons si jolis, si semblables. La gémellité est une chose fascinante, j'aurais adoré pouvoir tester les réactions de l'un aux souffrances de l'autre, mais on espérait recevoir une rançon... La rançon ne viendra pas, et on leur a choisi un autre usage. Tant pis, ils sont déjà trop abîmés pour moi, de toute façon. Je ferai une demande à Lord Varshé pour la prochaine paire qu'on prendra.

Nous franchissons le rideau vivant qui entoure l'aire au billot, et je vois enfin notre invité, celui pour qui nous sortons ces deux petites choses de leur obscurité. Je m'incline, respectueux, devant le lieutenant et l'hôte de mon Lord.


- Messires, les voici.

Pendant que les geôliers dispersent au sol quelques vieilles armes rouillées, je désigne les deux garçons, effarés, serrés l'un contre l'autre.

- Deux jumeaux vivants et en bonne santé. Ils vont combattre ici pour vous. Et celui qui tuera l'autre sera libre de quitter la forteresse.

Je détesterais manquer ce qui va suivre, aussi je me tourne vers les garçons. Il leur faut quelques secondes pour comprendre. Ils tremblent. Ils se regardent. Puis, brutalement, l'un des deux s'éloigne de l'autre et se rue vers une arme avec un glapissement aigu.

Ah tiens, j'avais oublié qu'on leur avait aussi tranché la langue...
Mestre Qyburn
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Message  xehlrox Ven 7 Déc - 11:09

Xehlrox fronça un sourcil, puis l'autre. Son esprit cherchait refuge.

Les clameurs qui émanaient de la foule rendaient ce qui se passait complètement irréel.
Tous étaient là, amassés, comme si tout cela était de la plus grande normalité. Foule de sueur, de cris, d'allégresse malsaine.

Alors qu'on nageait dans ce qu'il avait le plus redouté. C'était lui le monstre, extérieur à tout cela. L'étranger, celui que l'on regardait du coin de l’œil, celui que l'on désignait du menton ou du doigt en murmurant des mots.
Il était l'anormalité dans ce contexte. Dans ce chaos. L'équilibre dans l'adversité.
Et pourtant, il en venait à douter que ce qu'il défendait était bien une quelconque normalité, un quelconque refuge pour ses yeux et sa foi.

Dans le principe, il pourrait se laisser aller, oublier toute forme de loyauté à la vie, profiter du spectacle et tant pis. Ainsi, il serait accepté par tous ces gens, sans les craindre.

Cette idée stupide de lâcheté passa rapidement sur lui. Elle glissa, comme une ombre glaciale, remplie de ces mélancolies d'enfant et de ces peurs qui restent en chacun de nous, enfouies, quelque part.

Il croyait en ses idées, il croyait dans l'amitié et l'entraide.

Il devait passer cette épreuve. Et surtout, il devait faire en sorte qu'elle le rende plus fort, pour ne pas craindre l'épreuve qui viendrait ensuite, puis celle d'après...

Le grain de sable, je suis un grain de sable...

Dans une horloge, ou dans un sablier?

Suis-je celui qui arrête le mécanisme, ou qui l'aide à tourner?
Vais-je aller contre le temps, ou couler avec lui?


Au milieu de l'arène, les jumeaux se griffent, se mordent, s'arrachent littéralement la peau.
Des poignées de cheveux jonchent le sol.
Leurs ongles sont raclés d'avoir trop usé l'épiderme pourtant tellement semblable de l'autre.
L'un a l'oeil en sang, nul sait s'il voit encore.
L'autre la lèvre déchirée dans toute la longueur.

De profondes marques de dents, telles des scarifications régulières, parsèment les corps des jumeaux.

un grain de sable...

L'un des jumeaux attrape enfin l'arme convoitée.

Dans une horloge...

Le jumeau armé sert l'arme, se préparant à porter le coup final.

Arrêter le temps...

Il est prêt à bondir. Son frère acceptant déjà l'issue inévitable de cet affrontement.

Arrêter le temps.

Et l'instant d'après, il s'effondre, la tête assommée par un verre lancé depuis les gradins.
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Message  Urswyck Mer 12 Déc - 8:02

Un silence, une seconde, deux.
Puis c'est le rugissement.
Dans les gradins, la furie s'installe, tous les occupants se dressent en vociférant, on entend des questions, des cris de surprise, des têtes se tournent dans tous les sens, qui a fait ça, qui ? Et puis les plus intelligents raisonnent, et tournent leurs regards vers les deux seuls membres du public à tenir une coupe.
Leur lieutenant les contemple, immobile, un fin sourire aux lèvres, et s'octroie lentement une gorgée d'hypocras.
Alors les doigts, les poings se tendent vers Xehlrox. Mais pour un temps seulement.

Parce que le spectacle n'est pas fini.
Celui qui allait mourir s'est relevé, titubant. Il ne comprend pas bien, mais il est, lui, au-delà des questions. Son presque vainqueur gît dans la poussière, du sang au visage, et l'arme qu'il allait plonger dans son corps est juste là. Le garçon la ramasse et fait deux pas. Lève la lame. L'abat.
Son ennemi est mort.
Son frère est mort.
Il vit.

Nouveau rugissement dans les gradins, acclamation. L'arme du vainqueur tombe au sol, son tintement est inaudible. Le combattant restant tombe aussi, les deux genoux sur les dalles, le visage hébété. Et puis soudain le rire, et les larmes. Il vit. Il vivra. Il sortira d'ici. Soulagement abject qui se lit dans ses yeux, qui emplit tout, qui ne laisse même pas place au chagrin, au dégoût, à la honte. Il n'y avait plus assez d'humain en lui pour qu'il puisse éprouver cela...

Sur l'estrade, Urswyck a posé sa coupe et il applaudit. Il tourne la tête vers Xehlrox, tout sourire.

- Tiens, surprenant, j'aurais parié sur l'autre, moi. Plus vindicatif, plus fort. Ceux que tu as fait perdre vont t'en vouloir ! Mais après tout, tu es l'invité, c'était ton droit. Et puis c'est plus amusant quand les retournement de situations bouleversent une fin trop prévisible. Excellente idée que tu as eue !

Se redressant à demi, il reprend sa coupe, la trouve vide, fait signe à un serviteur qui s'empresse de l'emplir.

- Que faut-il faire de l'autre ? Il reste des morceaux à enlever, la main qui a tué son frère, évidemment, mais ensuite, tu as une préférence ?

Puis, après une petite hésitation et avec dans la voix une apparente pointe d'anxiété, il ajoute :

- Tu n'imaginais quand même pas que nous tiendrions notre promesse, n'est-ce pas ?
Urswyck
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Message  xehlrox Ven 28 Déc - 2:32

Petit grain de sable balayé par la foule et les clameurs, rien ne semblait perturber les engrenages d'ici. A la rigueur, une rixe de bon aloi, dans laquelle les convives se jettent sur l'orc et finissent avec quelques membres en moins aurait été agréable.
Mais non, rien de tout cela, tout au juste quelques plaintes.

Xehlrox avait l'impression de tâtonner dans une obscurité persistante. Plus il cherchait à comprendre, et plus il se sentait perdu. Ce qui semblait être une bande de joyeux dingues épris de torture et d'orgies en tout genre, se révélait être une sorte d'esprit complexe, un tout sans conscience et pourtant tenu par une pensée collective.
Et puis il y avait Urswyck, ce bonhomme avait un don pour le rebondissement de mauvais goût. Un esprit anormalement fin, pour quelqu'un qui vouait sa vie au mal.

Cependant, la remarque de ce dernier rassurait en un sens Xehlrox. Quoi qu'il se passe, il n'y aura pas de fin heureuse, Xehlrox n'avait donc rien à regretter de son geste. Là, ça aurait été plus délicat accepter. Il regarda le survivant d'un œil. Que restait-il de vivant et de conscient dans ce tas de chair, ayant réduit au silence la chair de sa chair? Reniant son propre sang. Et surtout quelles tortures pouvaient être pire que le meurtre de son propre frère?

Il se tourna vers son hôte, qui se réjouissait de la scène, un sourire jusqu'aux oreilles, coupant son visage blafard en un rictus glacial.

Je n'imagine plus rien de toi Urswyck, mais il aurait été plus surprenant que tu trouves une autre fin à ce spectacle. Cela enlève presque un peu mes craintes de ne pas savoir ce qu'il adviendra de ce que je verrai.
Quoi qu'il advienne, la fin sera la pire possible. Et cela me rassure de savoir à quoi je m'expose.

Mais il faut tout de même que je t'avoue quelque chose qui risque de t'enlever un peu de cette joie morbide et abjecte que tu répands sur moi. Je ne crains pas la mort, que cela soit la mienne ou celle des autres.
Ces prisonniers que tu as souffrent le martyre, privés de tout, incapables de ressentir les émotions fraternelles, plus rien. La mort est le meilleur cadeaux que tu puisses leur faire. Cela aurait été une bien pire torture de les libérer. Qui sait ce que ce jumeau, qui a goûté au sang, qui ne ressent plus rien, ferait dehors? Un être dangereux à coup sûr, capable de tuer à nouveau, qui sera renié par les siens et ne retrouvera ni quiétude, ni repos. Peut-être épargne tu des vies en tuant ce possible meurtrier.
Non, en vérité, tu prends la décision la plus sage pour eux, la meilleure des délivrances, le repos éternel.

Tu offres la liberté à tes prisonniers.

Maintenant, la fin du jeu consiste à le torturer j'imagine. Et bien soit. Chaque bout de lui qui partira le rapprochera de la délivrance. Alors prends ton temps puisque tu le feras j'en suis certain.



Il se rassit, lovant son menton dans le creux de sa main. Une seule question se posait encore dans sa tête. Combien de temps la mise à mort allait-elle durer.



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Message  Varshé Hèvre Dim 30 Déc - 5:14

La clameur s'estompa, elle finit par disparaître totalement. La populace bien trop excitée par le spectacle n'avait pas perçu le claquement des sabots du monstrueux zéquion qui trottinait aux abords de l'arène. Monté par un homme maigre à la barbe noire démesurément longue qui lui tordait la bouche, l'animal écumant piaffait et tournait maintenant sur lui-même pressé par les jambes du guerrier qui lui donnait des injonctions contradictoires. Alors que le mollet souple invitait au galop la main ferme et gantée de fer imposait l'immobilité.

Ce grand escogriffe était affublé d'un petit groupe d'individus tous plus laids et plus sales les uns que les autres qu'on devinait être sa garde rapprochée, de celle qui sème la terreur dans les villages, bien moins civilisée que les deux hommes restés dans les remparts.
Elle était composée d'un félys musculeux attifé d'un costume de bouffon dont le rouge incarna disparaissait derrière des tâches noires de sang coagulé, l'air totalement dément. D'un orc dépourvu de nez, bavant et éructant des insanités, se tripotant les parties sous un jupon tressé de cheveux de femmes encore sanguinolents qui ceignait sa taille, d'un troll bardé de fer à la peau boursouflée d'ulcères grommelant et riant comme une hyène, d'un nain mutique qui se curait les dents et d'un centaure obèse qui traînait derrière lui une ribambelle de jeunes garçons enchaînés terrorisés mais presque pas abîmés.

Varshé Hèvre leva la main droite en direction d'Urswyck, et fit claquer un fouet de corne de buffle qui cingla au retour les trognes qui avaient eut la malchance de s'être placées là. Ce qui les fit déguerpir aussi sec laissant une tranchée de débris dans la foule. Le zéquion enfin libre arpenta la tribune, faisant ondoyer le crin ornant le heaume noir à tête de chèvre qui casquait le crâne du barbu.
Arrivé à hauteur de l'orc et de l'elfe il fouilla la besace attachée au pommeau de sa selle et en extirpa une sorte d'écharpe tachée de sang qui emmaillotait quelque chose d'un peu flasque et qu'il jeta sur les genoux de son lieutenant.


"Beau fpectacle, Urf. Fe n'en attentais pas moinf de toi.
Fiens, prife de guerre. Fe n'ai pas eut le femps de défiauter le mafériel."


Il découvrirait bientôt, libérée de son écrin sanglant, la main d'un seigneur décorée de bagues plus précieuses les unes que les autres et qui seraient du plus bel effet sur la peau pâle de l'elfe qu'il choyait comme une fille.
Il se décoiffa, calant son heaume sur l'encolure et adressa un salut goguenard à l'orc.


"Bienfenu aux fhateau des furfures Xfelrofx. Pour me faire fardonner de fe refard et fe montrer que nous favons accueillir nos confives, fu auras le prifilèze de raccourfir le bras de cet indigne fainqueur que tu as appelé de tes foeux.
Un difertissement est toujours plus fattrayant quand on y prend part."


Puis il aboya:

"Qu'on fasse fenir le sampion jusqu'ifi!"

Varshé Hèvre
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Message  Mestre Qyburn Mer 2 Jan - 12:19

Oooooh merveilleux, merveilleux. Ils ont réagi exactement comme ils le devaient, à se jeter l'un sur l'autre comme des animaux sauvages. Jusqu'à leurs grognements inarticulés qui complétaient l'illusion. Merveilleux. Il faudra que j'ajoute une note là-dessus dans mon ouvrage sur la déconstruction de la psyché et les circonstances qui détruisent l'éducation d'un être civilisé pour le ramener au stade de la bête intelligente. Merveilleux.

En plus, le spectacle qui menaçait d'être un peu court s'est vu prolongé par l'action de notre invité, béni soit-il ! J'adore ces retournements de situation, vraiment ! Si ma dignité de mestre me le permettait, je ferais des petits bonds en battant des mains. Allons, c'est l'état d'esprit qui importe ! Je suis ravi, mon grand sourire en témoignera, même si mes membres resteront immobiles.

Voilà, le combat est venu à son terme, l'un des deux jumeaux est en vie quand l'autre crache son dernier souffle avec quelques bulles rougeâtres. Il nous restera à jeter son corps dans ce puits obscur dont on n'ose jamais tirer l'eau tellement son odeur est infecte, et d'où ils ne remontent jamais, dévorés par les bêtes qui vivent dans les profondeurs liquides et ténébreuses. Quant au vivant...

Je relève le nez, en attente. Les ordres vont venir pour la suite du spectacle, et je guette le signe de notre officier. Présentemment il parle à l'orc, je suppose qu'il lui explique ce qui va suivre à présent. Mon ricanement reste silencieux. Il est tellement pâle, notre invité, la fureur rentrée se lit dans chacun de ses gestes... Il parle mais je n'entends pas ce qu'il dit. Vu qu'il ne semble guère apprécier ce qu'on lui offre pourtant de bon coeur, je suppose qu'il rétorque quelque chose de brave et d'inutile, ou de profond et de tout aussi inutile.

Peut-être qu'il commence à comprendre.
Peut-être qu'il perçoit maintenant la nature de notre groupe, et ce qui nous rassemble.
Et qu'enfin, il appréhende ce que nous ne serons jamais, ce que nous ne pouvons être. Cette faiblesse qu'il a et dont nous ne souffrons pas. Pas d'honneur, et aucun respect pour ses valeurs à lui. A eux tous...

Comme j'aimerais être plus proche...

Le tumulte s'ouvre devant notre chef et sa suite. Pas assez vite, comme d'habitude, et je devrai soigner des faces cinglées par le fouet et des membres contusionnés par les sabots de la monture. Rhââ les imbéciles, ils n'apprendront jamais à se pousser.

La voix de l'orc ne parvenait pas jusqu'à moi, mais celle de la Chèvre se fait entendre bien loin. Personne ne glousse, chacun ici sait (comme quoi ils sont capables de retenir quelque chose, ces abrutis) qu'il serait mortel de sourire au défaut de prononciation donc souffre Lord Varshé. Les souhaits de bienvenue sonnent clair au-dessus des têtes silencieuses des Braves Compaings assemblés, et tous réagissent par une rumeur diffuse à l'annonce de l'acte suivant, à savoir la fabrication d'un manchot de plus. Gloussements assourdis, coups de coudes en douce, yeux brillants d'excitation. Ils adorent ça, ces chers petits. Moi, moins. Encore des garrots à poser, des pansements à nouer. Enfin, chacun sa charge, garder en vie ces fragments d'êtres est la mienne. Il y a des compensations, après tout...

A l'ordre lancé par notre chef, je me précipite. Voici venu le moment de me rapprocher de l'action, d'être aux première loges. Je ne perdrais le regard de cet orc pour rien au monde, en ce moment. Quelle belle lutte intérieure cela va nous faire ! Voire extérieure, s'il est assez fou pour ça, ou assez troublé pour oublier les arbalètes et les arcs qui n'ont que lui comme horizon, en ce moment...


- Vous, amenez-le, allez, on se dépêche, notre Lord attend !

Et comme les deux geôliers qui sont venus avec les garçons se hâtent maintenant pour entraîner le survivant qui regarde autour de lui d'un air effaré, sans comprendre, je m'empresse à leur côté et gagne l'estrade. Courbette devant notre Lord, puis devant notre invité. Mes mains légèrement écailleuses s’emmêlent l'une à l'autre en un ballet de frottements, c'est mon tic, il est irrépressible. Je me frotte les mains à chaque fois que le plaisir anticipé prend le pas sur ma maîtrise de moi.

- Messeigneurs, faut-il faire apporter le billot ? Sinon ces deux gaillards sont solides, ils le tiendront efficacement !

Solides, et de peu de valeur. Une lame dévie parfois bien vite. Mais vous accordez plus de valeur que ça à votre vie, n'est-ce pas, messire Xehlrox ? Vous, vous n'êtes pas pour les créatures du puits... J'en serais singulièrement déçu. Non pas que mon sentiment ait la moindre influence ici, certes, mais néanmoins...
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Message  xehlrox Dim 6 Jan - 2:32

Entrée des artistes, une vraie pièce de théâtre, tout en courbette et ton mièvre. Un régal pour les amateurs du genre, mais Xehlrox n'était en rien amateur.

Bon, ça commençait à humer le conifère, et Xehlrox trouvait que la longueur des bras du jeune condamné était tout à fait correcte. Il ne souhaitait en rien y porter une quelconque retouche personnelle.
Il était cependant étrange que ses serviteurs prennent le risque de lui laisser une hache entre les mains, fusse-t-elle une hache fort peu aiguisée et tout aussi peu maniable. Elle demeurait entre ses doigts une arme redoutable et peu recommandable pour celui qui se trouvait côté fer.

En attendant, les nouveaux arrivants n'ayant pris le temps de s présenter, Xehlrox jugea bon d'entamer la discussion sur ce dernier point, lui laissant le temps de voir ce qu'il pourrait faire par la suite pour animer les festivités.
Il s'adressa donc à l'homme qui l'avait rejoint, semblant d'ailleurs à un échelon élevé des grades de cet endroit, car qualifié de lord par l'étrange Saurus au regard froid et reptilien.

Lord est-ce bien cela? Mais avec quel Lord ai-je l'honneur de converser, puisque vos compagnons semblent vous octroyer de ce qualificatif?
Je sais que les festivités battent leur plein, surtout à la vue de ce champion qui ne semble attendre que la grâce de ma hache. Tout du moins sa main. Mais je tiens à connaître mes interlocuteurs, tant qu'ils savent qui je suis ainsi que les diverses raisons de ma venue.

De même, pourrions nous débattre sobrement des possibilités de raccourcissement de ce jeune jumeau. Je veux dire, pourquoi raccourcir le bras, et pas un cheveux, ou un ongle? Je sais que chez les Saurus les membres repoussent, mais pour l'avoir testé sur les humains, cela ne fonctionne pas. Et peut-être ce dernier aura-t-il l'utilité de sa main à l'avenir?


Bon, clairement, ce n'était pas bien fin. Mais bon, comme ça, dans la précipitation, l'odeur de chair et l'arène baignée de sang, on ne trouve pas toujours de sujet intéressant pour prendre le temps de la réflexion. Et puis un orc reste un orc, puisse-t-il avoir une éducation suffisante pour manier la langue et la hache avec la même dextérité. A un moment donné, il trouve ses limites dans ses réflexions.

En tout cas, le climat avait quelque chose de terriblement théâtrale, pour reprendre l'expression. Quelle fin pourrait-on imaginer à tout cela. Elle serait heureuse pour l'un des deux camps, mais pour qui. Telle était la question. Et surtout, cette hache qui était proposée à Xehlrox, qu'allait-il en faire...
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Message  Varshé Hèvre Mer 30 Jan - 10:35

L'ordre lancé allume la poudre. Déjà le mestre, limace empressée, rassemble des hommes, et fait monter le prisonnier choqué, lessivé par la peur, au point de ne pas être capable de bafouiller le moindre mot ni de lâcher la moindre plainte.
Le voilà devant eux, les membres raides, escorté par deux molosses, et le mestre qui salue bien bas son lord.
Varshé ne s'incline pas, il toise son associé, seul un vague rictus sur la lèvre noyée sous la moustache jais marque la satisfaction qu'il éprouve devant cette servilité qui lui sied.


 - Messeigneurs, faut-il faire apporter le billot ? Sinon ces deux gaillards sont solides, ils le tiendront efficacement 

A peine a-t-il achevé sa phrase que l'orc, peu aux faits des manières dont on use aux Murmures qui veulent que lorsqu'on s'adresse au chef on lui laisse le loisir de répondre - qu'il ai ou non quelque chose à dire - le premier, engage la conversation sur un trait qui d'emblée annonce l'ouverture des hostilités. Car ici, nul n'évoque cette distinction imposée par la force à laquelle Vashé Hévre n'a aucun droit.

Lord est-ce bien cela? Mais avec quel Lord ai-je l'honneur de converser, puisque vos compagnons semblent vous octroyer de ce qualificatif? 
Je sais que les festivités battent leur plein, surtout à la vue de ce champion qui ne semble attendre que la grâce de ma hache. Tout du moins sa main. Mais je tiens à connaître mes interlocuteurs, tant qu'ils savent qui je suis ainsi que les diverses raisons de ma venue.

De même, pourrions nous débattre sobrement des possibilités de raccourcissement de ce jeune jumeau. Je veux dire, pourquoi raccourcir le bras, et pas un cheveux, ou un ongle? Je sais que chez les Saurus les membres repoussent, mais pour l'avoir testé sur les humains, cela ne fonctionne pas. Et peut-être ce dernier aura-t-il l'utilité de sa main à l'avenir?


L'Estropieur lisse sa barbe graisseuse. Crache à ses pieds et c'est sèchement qu'il répond au mestre en postillonnant sur son vis-à-vis.


« Pas de biffot. Le fol est bien affez bon pour refevoir ce défhet.»

Puis il tourne la tête vers celui qui est devenu son hôte par défaut, le gratifiant d'un rire gras et grinçant.


« Ifi on ne débat pas afec Lord Farshé Hèfre, capitaine des Brafes Fompaings, aillant fillonné pluf de mers et rasé plus de terrifoires qu'aucun de fes hommes réunis ifi ne le fera jamais en une feule vie, il arrife même qu'on paie pour difposer de fa langue pour lui dire un fimple oui.
Ton Fhampion aura la main tranffée.
Et tu fas le faire maintenant. Ou tu paieras pour fhacun de fes doigts intacts 10 000 gopis par phalange et pour feux de fon frère.
A moins que tu ne prennes fa plafe pour payer fa dette et lui laiffer la fie sauve comme les grands feigneurs. Xelhfrox. 
Ainfi tu feras au fait de nos coutumes.»
Varshé Hèvre
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Message  Urswyck Mar 5 Fév - 9:48

Il parle trop. Il veut gagner du temps. Il commence à perdre pied.
C'est un des moments que je préfère...


Silencieux, tripotant la main tranchée et ôtant une à une les bagues précieuses avant de les nettoyer de leur sang avec un mouchoir de lin blanc, Urswyck ne perd pas une miette du spectacle. Les jeux brutaux de ses compères Orteils ne l'intéressent pas vraiment, ces combats sans grâce et sans autre émotion que la peur brute cristallisée en violence aveugle, grossière, vulgaire, même. Ses amusements à lui sont nettement plus raffinés. Par exemple, suivre l'anxiété croissante de l'orc à travers ses mots mal choisis, ses tentatives pour ne pas regarder l'homme qu'il lui faudra écourter, tout en ayant l'air de ne pas craindre sa vue, sa répulsion presque inconsciente face à la servilité onctueuse du Mestre... A-t-il seulement remarqué, le grand guerrier à la peau verte, son propre mouvement de recul, sa propre grimace de dégoût ? Il faut admettre que l'un comme l'autre étaient très bien masqués. Pour un œil non averti, en tout cas. Mais l'Elfe a l’œil acéré, et il cherchait les signes. Tout subtils, cachés qu'ils sont, il les a vus, et s'en réjouit. Le sourire sur son visage long et blême en témoigne, comme l'éclat de ses yeux trop clairs.

Vas-y, défie, conteste, discutaille.
Tu es coincé et tu le sais, Xehlrox.
Tu es un combattant, sans doute un excellent combattant, même, mais tu n'es pas un discoureur. Tu ne le sauveras pas. Et tu commences peut-être à te dire que tu ne te sauveras pas toi-même...


La voix désagréable et postillonnante de la Chèvre s'élève à nouveau, et le lieutenant, en compagnon de longue date, y reconnaît le métal de l'hostilité et les rugosités de l'agacement paranoïaque. La Chèvre déteste par-dessus tout qu'on lui tienne tête, qu'on conteste son autorité, qu'on discute son prétendu titre. En admettant que le malheureux protagoniste ait assez d'intelligence pour ne pas relever le défaut de prononciation, erreur qui lui serait immédiatement et douloureusement fatale. Là, Varshé est en train de s'énerver.
Ce qui peut donner lieu à des développements intéressants.

Le marché sort de la bouche barbue dans un nuage de postillons qui s'ils nuisent à la clarté du propos, ne diminuent en rien son irrévocabilité. Xehlrox coupera ou Xehlrox paiera. Et là nous en sommes encore à la question du vainqueur. Il n'a pas encore été question de l'orc lui-même...

- Puis-je suggérer...

La voix douce, cultivée, moelleuse, Urswyck ne s'immisce pas, n'intervient qu'à peine. Il suggère. Rien de plus.

- Puis-je suggérer une variante à cette nécessité ? Le tueur de frère doit payer pour son meurtre, c'est un fait, mais après tout il n'aurait pas vaincu sans l'aide de notre invité. La main qui a tué doit être séparée du corps pour que ce garçon apprenne qu'on ne verse pas impunément son propre sang...

... même s'il ne peut plus rien faire de cet enseignement, à présent que son frère est mort. Mais ça, qui s'en préoccupe ?

- Mais je pense, personnellement, que le châtiment est incomplet. Le plus valeureux au combat l'aurait emporté, or il gît dans la poussière. Qui l'a tué, finalement ? Son frère ? Ou notre très estimable invité ? En changeant l'issue du combat, il a condamné un des deux pour sauver l'autre...

Et le pire, quand on écoute cette voix suave, tranquille, agréable même, c'est que ça paraît logique.

Que feras-tu, vaillant guerrier, quand on t'aura poussé à bout ?

- La main doit être tranchée, oui. Et que celui-ci, qui a fait en sorte que le combat change d'issue, la mange.

Là, toujours à demi vautré dans le fauteuil, dans cette posture d'une indolence raffinée, l'elfe fixe l'orc en plein visage.

- Ou alors qu'il paie aussi. Pour nous débarrasser de cette ordure qu'est la main d'un tueur de frères.

Et il joue, nonchalant, avec les doigts morts désormais vierges de bagues, mais couverts de sang. Une tache rouge sombre orne son index blanc. Il porte celui-ci à sa bouche, le suce comme par inadvertance. Sourit. Et son sourire est plus détestable que jamais.


Urswyck
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Message  xehlrox Mer 6 Fév - 2:50

Bon, vu l'affluence d'idées abjectes sur le devenir du jumeau, ainsi que de ses différents membres qui ne demandent qu'à prendre leur indépendance apparemment, Xehlrox commence à sentir que l'étau se ressert.
D'autant que la corneille blanche, sous ses airs de colombe effarouchée, ne demande qu'à vomir ses idées farfelues. Bref, un dicton orc résumerai tout à fait cette conversation, "lorsqu'il y a le feu à la hutte, fais croire au voisin que c'est la sienne."
Dicton qui d'ailleurs prenait tout son sens tant la bêtise orc était un fait.

Il prit un air faussement songeur, ayant subitement quelques idées pour embarrasser fortement ses hôtes, et faire avancer un peu les choses.
Fronçant les sourcils, l'air songeur, il se tourna vers Varshe.

Quelque chose m'échappe dans tout ce tumulte. Si vous gardez en vie tous vos prisonniers, j'en déduis que le mort est impossible ici, car sinon il serait bien facile pour un prisonnier de se donner la mort plutôt que de continuer à subir vos sévices.
Mais alors, ce prisonnier qui est censé être mort dans cet affrontement, n'est pas mort. Ou alors il y a une logique interne que je ne saisis pas.
Je ne tiens pas à argumenter, d'ailleurs cela ne servirait à rien, mais je souhaite ardemment vous montrer que votre supposée maîtrise sur moi n'est qu'une vague idée, que je ne partage pas.
Dans le cas où je suis face à ce jumeau encore en vie. Soit je le tue, il réapparait dans sa cage, vous perdez. Soit je le tue, il meurt, vous perdez, je le libère. je suis gagnant. Et en aucun cas je ne souhaite lui couper les doigts. Alors pourquoi s'évertuer dans ce débat dans lequel vous ne pourrez gagner?
Ramenez le dans sa cage, et passons à autre chose. Vous n'avez pas de moyen de pression clair sur moi.

Vous pourrez toujours me menacer de mort, mais avez vous idée des dégâts que je ferai à vous tous, qui êtes à une portée de jambe, si je le souhaite? Seriez vous prêts à risquer une mort rapide, douloureuse et certaine?

Oh, ne vous en faites pas, je ne vous menace pas, et je n'ai pas encore envie de m'en aller de cette citadelle. Je préfère juste que nous passions ces palabres stériles. Vous ne souhaitez pas que l'histoire se termine ainsi pour une vulgaire histoire de doigts.
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Message  Mestre Qyburn Sam 9 Fév - 7:15

Tout ceci est follement passionnant. Je ne sais plus où donner de la tête. L'orc bien sur est au centre de mon intérêt. Mais le "roi de la fête", le vainqueur du duel est à sa manière aussi intéressant. Voyez quelle somptueuse apathie, quelle vacuité dans son regard vitreux. C'est à peine s'il remarque que c'est de lui qu'on débat en ce moment, en tout cas de certaines parties de lui. Il faudra que je note quelque chose tant que je m'en souviens, voilà qui peut venir nourrir certaines observations sur les réactions aux chocs émotionnels et aux épreuves traumatisantes.

Mais ne perdons pas le principal de l'échange, le jumeau survivant est intéressant, mais le plus fascinant est évidemment l'orc. Autant les paroles de notre Lord que celles du lieutenant Urswyck semblent choisies pour le pousser dans ses derniers retranchements, et il doit sentir la pression qui enserre lentement sa conscience. Finalement le marché est simple, même s'il est implicite : pour sortir d'ici tu dois payer, en monnaie trébuchante ou en pureté d'âme. Les Orteils raffolent du sang et de l'or et n'aiment la propreté que parce que les taches y apparaissent de manière flagrante. Une belle petite souillure rouge sur la conscience de maître Xehlrox, voilà qui ravirait à coup sûr ceux d'entre nous qui sont suffisamment intelligents pour l'apprécier. Les autres aiment le sang, le voir jaillir leur suffira.

C'est simple à nos yeux, mais l'est-ce aux siens ? Il tergiverse, et son malaise bien dissimulé devient cependant perceptible. Personnellement, je le renifle. Les saurus ont un excellent odorat... Je sais que je souris sous ma capuche grise, voyez-vous, j'aime cette odeur. Elle signifie que les actes désespérés viendront bientôt, et c'est dans de tels actes que les êtres révèlent leurs possibilités les plus inattendues.

Et de fait il y a de l'inattendu dans la réaction de Xehlrox. Il fallait une belle dose de sens de l'observation pour percevoir ce qu'un nouveau venu ne peut se représenter que comme une faille, une possibilité de fuite. Oui, la mort sur ces terres est soumise à d'étranges détours magiques, et on peut tomber sous les coups des ennemis, et revenir ensuite, frais comme une rose, dans ce vieux cimetière qui m'a, la première fois, beaucoup surpris. Déjà constater cette entorse conséquente aux lois de la Nature m'a pris des mois d'études, en pure perte parce que je n'ai toujours pas compris la raison d'être de ce mécanisme, à part qu'il pourrait être associé à la non moins bizarre dangerosité exacerbée de ces contrées. Mais quand nous nous sommes installés ici et que j'ai remarqué que ces lois aberrantes gagnaient dans cette forteresse un nouveau degré d'aberration, notamment dans l'adjonction d'une composante chaotique très particulière, j'ai été à la fois enchanté et désespéré. Une exception locale à une loi naturelle défaillante. Etrange exposant étrange, si je puis me permettre.

Notre invité soulève ici un point qui me vaut des nuits blanches assez régulièrement. Le fait qu'il l'invoque pour gagner du temps, d'une part, et pour se bercer de l'illusion d'une liberté qu'il a laissée à la porte ne change rien au fait qu'il s'agit d'une question, et d'une question à laquelle je puis apporter des éléments de réponse, même si nous ne détenons pas l'ensemble de l'explication et ne la détiendrons sans doute jamais. Une question intelligente, je n'ai jamais pu y résister. Encore moins quand il s'agit d'une rareté comme une question intelligente sortant de la bouche d'un guerrier orc.


- Messeigneurs, si vous voulez bien me permettre ? Je crois que je pourrais mettre à votre service mes pauvres études personnelles sur la question ?...

Mon regard à Lord Varshé est interrogatif et humble, il n'aime pas qu'on intervienne dans ses discussions sans y être convié. Fort heureusement je crois qu'il apprécie mes talents, le risque est mince que j'essuie une rebuffade. De fait le silence qui accueille ma demande est en lui-même un acquiescement, et je souris en le remerciant d'un signe de tête. Je suis tellement ravi de pouvoir faire bénéficier l'assemblée de mes longues heures de travail que je n'arrive pas à maîtriser ce petit tic que je déteste, ma langue qui se faufile hors de ma bouche non pour m'humecter les lèvres mais pour tâter l'air, les odeurs, les vibrations.

- La mort et la réapparition, c'est une question importante n'est-ce pas ? Pour nous qui ne sommes pas nés sur ces terres, la découverte fut assez surprenante, malgré tous mes efforts pour faire parler les autochtones je ne suis pas arrivé à déterminer s'il s'agit d'un phénomène récent ou s'il était là de tous temps. Je pencherais pour quelques décennies d'existence, sinon malgré les dangers effroyables qui prolifèrent ici, ces multitudes de monstres surpuissants et ces guerres incessantes, l'adjonction continue de nouvelles existences aurait provoqué une surpopulation que nous ne constatons pas. D'autre part je vois très peu d'enfants et très peu de femelles grosses. Une composante de non-fertilité est peut-être à envisager, mais je ne dispose pas encore du matériel nécessaire pour tester. J'aimerais proposer une expérimentation, d'ailleurs, mais je consulterai notre Lord à ce sujet en une autre occasion, peut-être ?...

Oui, quelques sujets de test seraient très utiles. Les femelles ont un cycle déterminé, les détenir un mois ou deux est suffisant pour connaître à coup sur leur période de fertilité, un accouplement à ce moment doit techniquement donner naissance à un petit. Quelques femelles en âge fertile m'aideraient beaucoup dans mes recherches. Pour les mâles, nous avons ici tout ce qu'il faut, mais ils ont tendance à abîmer les sujets. Sinon quelques reproducteurs locaux feraient l'affaire. Déterminer également si l'infertilité provient de la femelle ou du mâle en répétant l'expérience, si l'une d'elle est fécondée par un mâle allochtone, en l'accouplant cette fois avec un autochtone...
Mais je m'éloigne du sujet principal.


- Quoi qu'il en soit, messire Xehlrox, depuis notre installations dans cette forteresse, où l'évidence d'un déploiement magique destructeur d'une amplitude inhabituelle n'a pu vous échapper, nous avons pu constater quelques écarts notables avec le phénomène de résurrection qui semble être la règle à l'échelle du territoire entier. J'ai d'ailleurs procédé à plusieurs observations personnelles que je publierai prochainement, avec l'accord de Lord Varshé, bien entendu...

D'une manière générale, il faut noter ici l'écart manifeste à la loi de téléportation des corps. Dans toute cette contrée, le sujet meurt et son cadavre est envoyé ailleurs, dans un de ces points d'énergie sacrée répartis sur l'ensemble de la zone, afin d'y être réinvesti par son âme, qui fait, elle, un bref détour par ce vieux cimetière. A moins que l'ensemble, corps et âme, fasse ce déplacement, mais rien n'est certifié à ce sujet, les références sont contradictoires. Donc, en pratique, vous mourez, vous voyagez, vous revenez vivant et en pleine forme en ce point précédemment choisi par vous. Ici, rien de tout cela. Dans tous les cas, vous mourrez, et vous restez où vous êtes. Si vous tuez ce garçon maintenant, il tombera ici, et restera ici, en un morceau ou en plusieurs.

Là où les choses se compliquent, et n'hésitez pas à noter vos questions pour me les poser par la suite, c'est qu'il semble que le concept même de résurrection soit altéré par la magie des lieux. J'ai pu constater deux cas de figure bien distincts. Parfois, le sujet meurt, et il reste simplement mort. Comme ailleurs dans le vaste monde, en fait. Un trou dans la trame de cette bizarrerie naturelle qui régit l'ensemble des Terres Argentées ? Je ne sais, et il est difficile d'établir une règle stricte puisque ce cas n'est pas le seul ni même le plus fréquent.

Ce qui se passe le plus souvent, c'est que le mort revient à la vie là où son corps se trouve, après quelques heures, plus rarement quelques jours. Mais il est fortement affaibli, à peu près comme si les choses se suspendaient pour lui juste avant le coup qui lui ôte la vie. C'est un cas des plus fréquents. Il faut d'ailleurs laisser au sujet le temps de se remettre un peu si l'on veut poursuivre les... activités qu'on menait sur lui avant sa mort. Sans quoi il re-meurt tout de suite, c'est très décevant. Ainsi, si le sujet a précédemment perdu plusieurs membres ou annexes, mais qu'il n'en est pas mort, et qu'il est tué ensuite par... que sais-je, la faim, un traitement un peu trop brutal, la maladie, ou même ses propres œuvres, quand il revient à lui, il ne retrouve pas ce qu'il a perdu. D'aucuns ici le déplorent, qui adoreraient trancher plusieurs fois le même membre au même prisonnier, mais soit, c'est ainsi, il faut l'accepter...


Je suis ravi d'avoir un auditoire aussi attentif ! Est-ce une lueur de fierté que je vois briller dans l'oeil de mon Lord très respecté ? J'adorerais. Peut-être simplement savoure-t-il les réactions de notre invité, qui ne pourront qu'être très satisfaisantes. Il comprendra sans doute, il a prouvé à plusieurs reprises qu'il est un être avisé, que les choix s'amenuisent... Mais je n'en ai pas terminé, pas tout à fait.

- Ainsi, Messire, cet homme que vous tueriez reviendrait simplement à lui là où nous transporterions son corps. Et peut-être même ne reviendrait-il pas du tout. Je puis même anticiper une question qui ne manquerait pas de venir à votre esprit éclairé. Quand nous désirons nous défaire d'un prisonnier, nous disposons de deux techniques majeures. La première est la crémation et la dispersion des cendres, mais l'odeur n'est pas tout à fait plaisante si le spectacle est, lui, souvent fascinant, aussi ne l'employons-nous pas souvent. La plupart du temps, nous nous contentons d'envoyer le corps par l'orifice qui se trouve là-bas, voyez-vous cette grille ? Elle donne sur une partie des souterrains où vivent de nombreuses créatures aquatiques carnivores. Ainsi, nos sujets, s'ils reviennent, reviennent en morceaux si petits qu'ils ne nous encombrent plus guère...

J'espère avoir répondu valablement à toutes vos interrogations ? Toutes celles qui sont de ma prérogative, évidemment. Je ne me permettrai pas d'évoquer vos probabilités de survie si vous décidiez de prendre les armes contre nous en ce moment, et la certitude avec laquelle vous abattriez un ou plusieurs d'entre nous... Je crois que ce sujet n'est plus dans mes compétences au-delà de... disons... de ce que le simple bon sens permet de prédire de l'avenir...


Mon sourire est, je l'espère, aussi bienveillant que possible. Je ne dois pas montrer à quel point je suis fier de la clarté et de la brièveté avec laquelle j'ai discuté ce sujet complexe et fort au-dessus de la compréhension du Sarwyennien moyen... Il n'est pas dans mon intérêt de noyer Xehlrox sous des informations inutiles, mais s'il comprend qu'il n'a pas vraiment le choix, peut-être prendra-t-il la bonne décision ? Nous ne lui demandons finalement que peu de chose...

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Message  Varshé Hèvre Ven 15 Fév - 4:47

Lord Varshé avait maintenant le visage cramoisi de colère. Excédé par les palabres sans fin de l'orc. Peu habitué à ce genre d'argumentation si ce n'est de la part du mestre qui venait une fois de plus d'exposer ses talents d'orateur. L'orc se doutait il qu'il venait de lui sauver la vie ? Que son intervention pour expliquer les ressorts de la mort sur lesquels Xelhrox pensait être en mesure de pouvoir disserter avait suspendu la lame qui se serait abattue sur son crâne l'instant précédent. Juste pour le faire taire. Rien de moins, rien de plus.
Il leva un bras en direction de la soldatesque qui se tenait en retrait et désigna son hôte d'un mouvement brutal.
Quatre gardes aussitôt se saisirent de l'orc et le ceinturèrent violemment.
Varshé fulminait.


"Tu n'es pas là pour difcuter mes ordres. Ainfi tu ne feux pas rendre la politeffe à tes fhôtes ? Et tu veux rester dans fe fateau pour en découvrir les fecrets ? Alors il fa falloir zustifier ta préfence par autre fhose que tes démonftrations. Et me démontrer que ta réfistanfe physique est auffi longue que ta langue. On ferra si tu raifonnes touzours aussi bien après ça."

Le lord se lissa la barbe une nouvelle fois et acheva son geste en se penchant vers un mercenaire édenté qui se grattait un tibia rongé par la gale.

"Fas me fherfher le tourmenteur."

Il désigna alors près du puits en contre-bas, au pied d'un gibet, un homme gras, assit, sa trousse entre les jambes, nettoyant de fins instruments d'acier avec des chiffons de soie ; sa robe couverte d'éclaboussures de sang ; ses mains comme gantées de rouge. Autour de lui, comme autour d'une charogne, bourdonnaient et tourbillonnaient des essaims de mouches. Il avait un ventre pacifique et débonnaire. Son visage, au repos, exprimait de la bonhomie, de la jovialité même ; la jovialité d'un chirurgien qui vient de réussir une opération difficile.
Le mercenaire s'empressa, et revint essoufflé, accompagné du bonhomme qui leva les yeux vers son Lord et le salua poliment puis s'adressa à l'orc.


« Il est vraiment facheux que vous ne soyez pas descendu tout à l'heure. Car, pendant que vous vous vous rinciez l'oeil avec les combats de l'arene, il se passait bien des choses au gibet. Vous auriez vu quelque chose de très beau une heure plus tôt. Et qu'on ne voit pas tous lesjours. Un travail extraordinaire, messire ! J'ai retaillé un homme, des pieds à la tête, après lui avoir enlevé toute la peau. Il était si mal bâti ! Un peu comme vous ! Ha !...Ha !...Ha !... »


Son ventre, secoué par le rire, s'enflait et se vidait tour à tour, avec des bruits sourds de borborygme. Un tic nerveux lui faisait remonter la fente de la bouche jusqu'aux zygome, en même temps que, par le même mouvement, les paupières, s'abaissant, allaient rejoindre l'extrémité des lèvres, parmi des plis gras de la peau. Et c'était une grimace, une multitude de grimaces, qui donnaient à son visage une expression de cruauté comique et macabre.

«  C'était un misérable esclave fait prisonnier dans les terres reculées du Sud. Rien du tout, messire. Certes, il ne méritait pas l'honneur d'un si beau travail. Pas comme vous. J'en conviens. Il avait, paraît-il volé un sac de pain à la Compagnie. Nos chers et braves Compaings ! Quel mouche l'a donc piqué pour commettre un geste aussi inconsidéré ?
Quand je lui eus enlevé la peau et qu'elle ne tenait plus qu'à ses épaules que par deux petites boutonnières, je l'obligeai à marcher, messire Ha ! Ha ! Ha ! La bonne idée vraiment§ C'était à se tordre les côtes... On aurait dit qu'il avait sur le corps, comment appelez-vous cette chose ? Ah ! Oui, ma foi ! Une sorte de vaste manteau sans manches avec une sorte de pèlerine sur les épaules ou un grand collet. Jamais il n'avait été aussi bien vêtu, le chien, ni par un plus parfait tailleur. Mais il avait les os si durs que j'y ai ébréché ma scie... cette belle scie que voilà. Et qui ne demande qu'à vous connaître. »


Un petit morceau blanchâtre et graisseux était resté entre les dents de la scie. Il le fit sauter d'un coup d'ongle et l'envoya se perdre dans les gradins, parmi l'assistance maintenant compacte.

« C'est de la moelle, messire ! Fit le joyeux bonhomme Il n'y en a pas pour cher... »
et, hochant la tête, il ajouta :
« Il n'y en a pas souvent pour cher... car nous travaillons presque toujours, dans le bas peuple.... »

Puis d'un air de tranquille satisfaction :


« Hier, ma fois... ce fut très curieux... D'un homme j'ai fait une femme... Hé!Héhé !... C'était à s'y méprendre... Et je m'y suis mépris, pour voir...
Demain si les génies veulent bien m'accorder la grâce que j'ai une femme, à ce gibet... j'en ferai un homme... C'est moins facile ! Ha !.. Ha !..."


Sous l'effort d'un nouveau rire, son triple menton, les bourrelets de son cou, et son ventre tremblèrent comme de la gélatine. Une seule ligne rouge et arquée, reliait alors le coin gauche de sa bouche à la commissure de se paupières droites, au milieu des bouffissures et des rigoles par où coulaient de minces filets de sueur et des larmes de rire.

Varshé se remit en selle. Lui ne riait pas. Mais il avait les yeux brillants de convoitise, et le sourire mauvais.

"Allez! Un peu de lafheté que diable ! On ne peut pas touzours être un héros où qu'on aille Xelhrox! Tu finiras bien par la couper fette main.
Et même, qui fait ? la manzer."
Varshé Hèvre
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Message  xehlrox Dim 24 Fév - 7:40

On y était. Enfin, ou peut-être pour en finir?
Xehlrox était venu chercher ici ce qu'il ne trouvait ailleurs. Ce qu'il ne trouverait ailleurs. Une belle brebis verdâtre dans un enclos de loups. Au final, qu'escomptait-il vraiment, si ce n'est cela?

Le point de non retour, ce moment où vous voyez l'espoir fuir sous vos pas, et que votre raison n'est plus qu'un mince filet suave sans odeur ni chaleur.
Lorsque votre corps se prépare inconsciemment à n'être qu'un bout d'adrénaline. Que vos actes sont rythmés par la seule envie d'en finir, d'une manière ou d'une autre.

Ni les châteaux, ni les sbires, le volcan, les griffons, la haine et les maléfices, rien ne lui avait procuré cette délicieuse sensation de perte de contrôle. De réduire son existence à ce petit moment. Toute vos défaites, vos victoires, vos aléas, pour savoir ce que cela fait de n'être rythmé que par l'instinct de survie.

Il en prenait conscience petit à petit. Il n'était pas tant venu chercher un visage sur l'immonde. Bien que sa curiosité l'y ait malgré tout poussé. C'est lui qu'il voulait découvrir.

Que deviendrait-il, s'il perdait le contrôle.

L'orc captait des bribes de ce qui se passait autour de lui. Échos de conversation, Varshé, l'étrange Saurus à langue de vipère, Urswyck.. Des pantins de chair. Des bras, des jambes. Du sang.

Et le cœur de Xehlrox qui commençait à gronder de manière sourde. Les veines palpitantes, injectant ce délicieux poison qui réveillait son corps, tendant ses muscles. Et ça grondait, comme un profond tambour dans une caverne ne demandant qu'à entrer en fusion.

Chances de survie? Aucune. Alors il se dit qu'il prendrait encore quelques instants avant de lâcher complètement les rennes.

Tant pis, chers hôtes. Je ne ploierai pas sous les menaces.
J'apprends ainsi que je ne suis pas un lâche, même sous la menace. Même sous la facilité de découper quelqu'un que je ne connais pas.

Sans doute faut-il maintenant que vous trouviez plus fort pour me faire choir.

Quant au bourreau qui semble vouloir disposer de mon corps, qu'il s'avise de toucher le moindre de mes muscles, et je le réduis en quelque chose de pire encore que ce qu'il fait subir à mes yeux.


Allons, chers amis, vous savez que nous y sommes.
Qu'allez vous faire, que pouvez vous faire de pire? Au risque que tout cela ne se termine en un carnage sans visage.
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Message  Varshé Hèvre Jeu 28 Fév - 2:47

A ces mots le bourreau s'éclipsa, tranquillement, lentement, rejoignant son domaine et ses outils, sentant l'atmosphère se piquer de soufre et l'électricité qui venait de lui titiller les nerfs n'était pas à son goût.
Torturer oui. Mais dans de bonnes conditions... On l'avait habitué à ça. Il n'était pas un membre de la compagnie mais un "employé", fort bien payé pour ses services. Car les Orteils savaient récompenser les bonnes oeuvres en espèces sonnantes et trébuchantes. On ne pouvait pas leur reprocher cela.
Mais de là à risquer sa vie pour eux, il y avait un pas.

Varshé le suivit du coin de l'oeil.
Vit volter le ziquion et saisissant sa longe à pleine main, cingla la bouche de l'orc d'un geste vif et sec qui claqua et fit revenir la sangle dans sa main.
Il souriait, de toutes ses dents.


"Et bien tu fas apprendre à te taire ef à obéir à ton maiftre dans les zeoles des Murmures !
Emmenez-le!

Z'en ai affez enfendu!
Enfainez-le dans une des fellules du nifeau inférieur. Et qu'on ne le nourriffe pas pendant trois zours. Et pas d'eau.
Le premier qui contrevient à mon ordre me fervira de zibier.

L'obfcurité totale pendant des femaines a des verfus purificafrices fur n'importe quel être, et brife toutes les folontés.
La tienne ne réfistera pas davantaze que felle d'une pufelle foumise à fe rézime, mon faleureux moignon.
Le tourmenteur fera ton unique vizite pendant la fremière femaine, enfuite, nous verrons bien quel fera ta défision.
Ze t'apprendrai dans ta fhair que l'héroisme ne fert à rien, fe n'est bon que pour fes oisifs qui vivent le nez dans les livres. "


Puis il s'adressa à son lieutenant.

"Urswyck, débaraffe-le de son armure et de fes chauffes. Qu'il foit nu comme au premier zour de fa naiffance.
Il faut bien veiller à fe que notre fher ami n'ai rien dans les pofhes qui puisse le bleffer. "


Puis il fit signe à Togg Joth, Shagwell, Rorge, Zollo et Mordeur de le rejoindre.





Dernière édition par Varshé Hèvre le Dim 3 Mar - 4:17, édité 3 fois
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Message  Urswyck Dim 3 Mar - 1:09

Voilà. C'est fini.

L'orc aurait pu plier et souiller son âme, oh, si peu. Il a refusé.
Il aurait pu louvoyer, négocier, ergoter. Il n'a pas poursuivi dans cette voie.
Il a choisi la voie héroïque. Cet héroïsme si beau, si grand, si pur, si stupide, et finalement si incroyablement égoïste.
Xehlrox ne sauvera pas le prétexte à cette belle démonstration. Le second jumeau continuera à souffrir, longuement. Sa mort ne sera pas douce. La perte de la main ne sera qu'un préambule, un apéritif pour ses bourreaux. Ensuite...
Xehlrox sauvera son âme et la gardera immaculée, grand bien lui fasse quand il croupira dans les geôles, quelques doigts, oreilles et lambeaux de peau en moins, affamé, affaibli, inutile à tous. Y compris à la veuve et l'orphelin qui y perdront un défenseur de premier ordre.
Finalement, était-ce le meilleur choix ?...

L'elfe écoute les mots que le grand guerrier prononce avec fierté, les yeux mi-clos et un sourire rêveur aux lèvres. Il a un hochement de tête approbateur à l'ultime bravade de l'orc, comme s'il était à ce point invincible que le nombre ne puisse le faire plier... Une illusion qu'il perdra vite, ou un bluff rapidement éventé. Urswyck penche pour le bluff. Xehlrox n'est pas stupide, il ne peut pas croire sincèrement qu'il pourrait vaincre plusieurs dizaines d'adversaires à la fois, sans compter les archers, arbalestriers, et les quelques mages... Ce sera un beau combat. Sans doute assez bref, mais intense.

Le claquement de fouet l'éveille de sa rêverie. Les rènes de la monture de la Chèvre viennent de tracer en travers du visage sans grâce de l'orc une marque où perle un peu de sang. Rien pour effrayer un combattant de sa trempe. Mais tout pour foutre le feu à son amour-propre, visiblement sensible.

La tirade crachotante de la Chèvre est savoureuse à souhait. Le lieutenant déguste chacun des obstacles verbaux qui font jaillir la salive de la Chèvre, sourdement ravi de ce défaut d'élocution qui le ridiculise et lui égratigne la dignité. Et il se délecte également de l'impact de ces mots sur l'orc. Obéir à ton maître. Briser ta volonté. Moignon.

Moignon... Finalement nous y voilà, cher hôte. Et tu t'y es mis tout seul. Comme un grand.
Comme un grand imbécile valeureux et rigide que tu es...


L'ordre de la Chèvre lui fait lever la tête et passer à l'action. Bien évidemment le Lord des Orteils n'envisage pas qu'il accomplisse lui-même cette humble tâche de ramener l'orc à l'extrême de la simplicité vestimentaire. Le lieutenant fait deux signes de tête et un mouvement impératif de la main, et les gardes resserrent leur prise tandis que deux esclaves se précipitent. Les mains prestes de l'un s'attaquent au ceinturon du captif tandis que l'autre se hausse jusqu'à ses épaules et entreprend de trancher les attaches de cuir de l'armure, à l'aide d'une petite lame acérée remise par Urswyck avec un regard froid et éloquent.

Il se rebellera, ça ne fait pas l'ombre d'un doute.
Les mains de l'elfe sont légèrement décollée de ses flancs, et une lueur glacée y chatoie déjà. De l'autre côté, Urswyck surprend du coin de l'oeil le geste du Mestre qui repousse ses longues manches, une flamme dorée en train d'éclore au creux de ses paumes écailleuses. Il est prêt. La Chèvre a reculé et ses yeux sous les sourcils noirs sont deux fragments de silex. Le nain a assuré la prise sur sa hache, le félys caresse la courbe de son arc et l'empennage d'une flèche qui y est déjà ajustée, le centaure piaffe, le troll sourit de ce sourire terrifiant qu'il a, presque rêveur, orné des pointes soigneusement limées de ses dents.
Ils sont prêts.
Ils attendent.
Ils n'attendent que ça depuis longtemps.
Urswyck
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Message  xehlrox Dim 3 Mar - 5:30

Et voilà. Il put enfin le sentir, le humer, le regarder passer dans sa gorge, tracer son flanc, envahir son esprit.

Le point de non retour. Vous savez? Ce moment où vous basculez en sachant que ni vous, ni rien autour de vous ne fera marche arrière. Et vous pouvez aimer ça, comme le feu vert pour que tout ce qui vous retient dans votre vie, tout votre construit social, vos bonnes manières, tout cela n'existe plus. Laissant place à la furie d'un être qui se bat pour sa survie.

Quel fut le facteur déclencheur, difficile à dire. De toute manière, tout cela semblait orchestré comme du papier à musique. Cependant, le contact des doigts osseux, grouillants tels des vers sur son armure, pourrait être considéré comme la goutte d'eau. Celle qui fit exploser la poudrière.

D'un geste vif, sa main démesurée attrapa le premier crâne qu'il trouva, celui qui tentait de défaire son ceinturon, et l'écrase contre son genou. Trop près de la main, trop près du genou.

Déjà la prise des gardes semble pus fébrile, mais trop tard. Son coude atterrit dans le flanc de celui qui lui tient le bras droit, l'obligeant à se courber et à offrir l'étendue de l'arrière de son crâne à un coup du plat de la pain. Le bruit des os qui craquèlent est ponctué d'un épais épanchement de sang, un bruit de succion témoignant qu'une partie du cerveau de l'individu a vu le jour pour la première fois.

Dans le même mouvement, cette même main effectue un mouvement circulaire en direction du second garde qui reçoit de plein fouet un coup dans le thorax. Il s'effondre dans un mouvement de pantin sans ficèles, le cœur brisé par l'impact.



Bien évidemment, la réponse ne se fait pas attendre. L'effet de surprise n'était pas suffisant, et il reçoit de plein fouet un coup dans la machoire de la part du troisième garde, tandis que le dernière tente de passer ses bras autour de son cou pour l'étouffer.

Mauvais choix.

Un peu sonné, l'orc attrape le garde sur son dos et le met à terre. Puis d'un bras, il ceinture le dernier garde et l'écrase violemment contre son allié qui gémissait déjà au sol.

Il conclut ce temps d'un coup de pied sec contre la tête du garde gémissant. Un sinistre bruit de craquèlement le fait taire.

Xehlrox est enfin libre de ses mouvements.



La première ligne étant à terre, la second vague arrive. Il ne souhaite qu'une chose, faire un maximum de dégât. Sentir de la chair à vif, des os qui se rompent, des giclées de sang sur ce parterre souillé par la cruauté de ceux qui lui font face.
Tant pis pour la douleur, tant pis pour la peur qui ne fait que battre son cœur plus vite. Il fonce déjà sur la rangée suivante.

De l'autre côté, la réponse ne se fait pas attendre. Presque en cœur, Shagwell, un centaure inconnu aux yeux de l'orc, et le Mestre envoient la première salve, tandis que les autres se préparent à l'impact.

Xehlrox reçoit de plein fouet une boule de feu lui brûlant sévèrement le torse, une flèche dans le tibia et un sort qui lui rebondit sur l'épaule.
L'orc trébuche, mais ne stoppe pas. Pas de douleur, pas de répit, pas de recul. Juste atteindre son point d impact.

Un nain et un troll, que Xehlrox n'avait pas encore vu, se tiennent prêts à l'accueillir, haches en main.

Plus que quelques mètres. Il regagne en vitesse.

Plus que quelques instants.

Et puis..

Ce bruit

Sourd

Dans un halo noir de colère.

Dans un nuage rouge de douleur, revenue à la charge.

Dans des bruits secs de corps qui s’entrechoquent. Qui se chahutent et se tordent.

Il rugit sa colère et s'abreuve de la tempête qu'il emporte avec lui. Balayant l'air, touchant parfois, il cogne, il casse, il crie et frappe encore.

Et en réponse, il sent une lame qui vient rompre la protection de son épaule, ouvrant une large brèche. Une autre lame qui atteint sa cuisse et rebondit contre sa genouillère..

Il est arrêté maintenant. Il n'est plus dangereux. Plus assez. Il saigne, il sent son corps se vider du fluide vital que son corps expulse à grandes giclées. Que son cœur continue à éjecter par les plaies qu'il a maintenant. A l'épaule, au tibia et à la cuisse. Sans compter la brûlure vivace qui lance son torse comme si sa chair elle même était partie.




Une belle brebis verte prête à être sacrifiée sur l'autel de la dignité.


Et puis, dans un coin d’œil, un détail. Une masse sombre. Rien de tellement important. Si?

Un tunnel? Une roche, une ombre?

Tant pis. Qu'y a-t-il à perdre maintenant. Il peut encore gagner la plus belle des victoires, celle de ne pas mourir de leur main, mais de choisir sa mort telle qu'il l'entend.

Alors il roule de côté, chancelle sous la douleur, et bondit dans le tunnel, dans un dernier effort.
Son corps ne trouve pas d'appui, c'est un long escalier, qu'il descend en roulant, en se cognant, la tête balancée, les genoux à vif.

Et en bas, dans un bruit sourd, il atterrit. Et déjà, en haut, au loin, à l'extérieur, les cris ne se font pas attendre.



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Message  Mestre Qyburn Lun 11 Mar - 11:05

Oh ça s'emballe, ça s'emballe. C'était prévisible, mais cela reste néanmoins fâcheux, très fâcheux. En fait, j'ai grande horreur de la violence. C'est comme ça, je suis un délicat, un subtil, toute cette brutalité me retourne la tripe. Je le savais que ça allait mal tourner, nous avons pourtant été très clairs, tous, et notre invité l'a sûrement fort bien compris : il est inutile d'essayer le combat. Il est fort, cet orc, ça ne fait aucun doute, mais il est seul.
Et nous... oserais-je le dire ?... Nous sommes légion.

Notre lord déteste qu'on le défie, sa réaction aux mots de Xehlrox ne se fait pas attendre, et je frémis au coup de sangle qui lui entaille le visage, ce prélude anodin à l'explosion qui ne manquera pas de suivre. L'ordre vient, et je suis reconnaissant au Seigneur Varshé d'y coller son elfe de compagnie, pardon, notre lieutenant bien-aimé, plutôt que ma triste personne... Oui bon d'accord, les esclaves sont là pour ça évidemment, et quatre malabars bien solides immobilisent notre nouveau moignon, mais je n'ai pas confiance. Un soupir silencieux franchit mes dents. Ca va chauffer, et pas plus tard que là maintenant. Autant se tenir prêt. Les guerriers saisissent leurs armes, les archers et autres jeteurs de choses pointues tendent leurs cordes. Je prépare mon incantation, le Loyal compagnon de notre Lord en fait autant, si j'en crois sa posture et l'éclat froid de ses paumes.

Et finalement tout se déchaîne. La violence pleut sur nous, un esclave mort, un garde ensuite, ces craquement funestes sont sans équivoque pour tous, a fortiori pour moi. Un autre garde s'effondre dans un hoquet pitoyable, les yeux révulsés. La réaction des Orteils est rapide, mais j'en reste abasourdi de voir avec quelle rapidité désinvolte cet orc a envoyé trois des nôtres ad patres. Par tous les démons, quel combattant ! Dommage que nous ne puissions gagner à notre cause une telle force de la nature !

Reprenons-nous, il s'agit à présent d'éviter les coups, déjà, et de réduire à l'impuissance cette catastrophe naturelle toute de muscles et de crocs. Les boules de feu pleuvent en direction de la grande silhouette verte, qui vient de balancer au sol son quatrième cadavre. Je fais mouche, et comment, il prend ma magie en pleine poitrine. Je suis très fier de moi. Et mort de frousse. Ca, la flèche de Shagwell et les traits de glace envoyés par Urswyck, voilà une riposte bien insuffisante pour arrêter un orc en fureur. Je déglutis avec peine, et prépare à la hâte un autre sort. La Chèvre postillonne des ordres, le lieutenant les relaie, j'assiste à la charge violente de Xehlrox qui envoie valdinguer l'elfe blafard d'un revers nonchalant, et qui balance au félys un coup de pied sournois. Les os craquent à nouveau, le cri suraigu de l'archer atteste cependant de sa survie douloureuse. Le lieutenant s'est relevé déjà, et décoche salve glacée sur salve glacée, soutenue chacune par une volée vigoureuse de jurons en elfique. Lui aussi s'en tirera, mieux même, à l'évidence, que Shagwell qui a momentanément perdu son sempiternel rictus.

L'assaut part des guerriers lourds. Mordeur, l'instant d'avant immobile et les yeux vagues, est soudain une demi-montagne en mouvement, un mouvement sonore. Ce cri qu'il grince lorsqu'il charge... j'en ai la langue qui fait des noeuds, les crocs qui partent en vrille. Epouvantable troll fou aux dents limées et aux motivations primitives : frapper, mordre, tuer. Juste après lui le grondement de tonnerre des quatre pieds de Zollo, sa face disgracieuse plissée en un cri de guerre guttural et exotique. Ses longues lames courbes brandies, l'éclair de mort dans son oeil noir, six cent kilos de centaure épris de sang et de carnage. D'autres encore qui se ruent au combat, Togg le bref, Rorge à la face mutilée, trolls et orc et humains de toutes races, armés de lances, de massues, d'épées, de hallebardes, de cimeterres, et les traits qui pleuvent dru, dont une fraction atteint d'ailleurs le mauvais but. C'est un massacre. Un épouvantable massacre.

Les corps se heurtent et j'en vois au sol, de plus en plus. Mais l'orc saigne, même si le rouge brasillant de ses yeux fait oublier celui qui dégouline de ses plaies. Il saigne, et si sa colère ne semble pas entamée pour un sou, sa vigueur décroît, elle, de façon très nette. Et alors que le chaos s’entremêle et se prolonge autour de lui, je le vois tourner la tête, je surprends l'expression dans son regard...


- Attention ! Il va...

Non, il ne va pas.
Il a.
Oh le fourbe, ça c'est pas de jeu.

Sur un ultime effort, impressionnant, d'ailleurs, il a repoussé trois adversaires, a enjambé deux corps inconscients, potentiellement de manière permanente, et il s'est jeté, je dis bien jeté, dans les ténèbres d'une voûte. Et sachant le nombre de couloirs et de passages qui partent du pied de l'escalier qu'elle cache...
Il s'agit qu'on le trouve en vitesse.
D'autres que nous risqueraient de le trouver, et je crains que notre Lord n'apprécie pas de se faire souffler sa belle proie verte par un monstre lambda, inconscient de sa valeur, et stupidement désireux d'apaiser une vulgaire fringale.


- Des torches, vous autres ! Des torches, il a filé !
Vous avez cinq secondes pour passer cette voûte sinon je me charge moi-même de vous sortir par les naseaux votre cervelle d'inutiles ! COUREZ !


Oh... C'est moi qui ai dit ça ?
Je...
C'est...
Je suis confus...
Pourvu que d'aucuns ne prennent pas ça pour un empiètement insupportable sur leurs prérogatives...
Anxieux du bref instant de silence stupéfait qui a suivi la fin de mon exhortation, je tourne mes regards vers le Lord, mais il a juste un sourcil levé, signe de surprise et de perplexité.
Par contre, côté lieutenant, un applaudissement lent se fait entendre. Son sourire de travers et son expression amusée... De l'approbation, sans aucun doute...
Rasséréné, je me redresse.


- Compris bande de larves ? A ses trousses, et au trot !

Et je souris de tous mes crocs. C'est qu'on y prendrait goût, parole !!!!

Fort heureusement ce tas de crétins finit par réagir et se rue sur les torches. Quelques instants plus tard, les premiers poursuivants s'engagent au pas de course dans les escaliers, en direction du labyrinthe ténébreux des souterrains...
Mestre Qyburn
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